Le langage de l'apprentissage : Le parcours d'Erica Jean Reid pour devenir enseignante en ressources éducatives
"Pour moi, devenir enseignante, c'était avant tout pour ma langue, pour la langue haïda, pour la langue indigène. Et maintenant, je suis là", déclare Erica Jean Reid (Gidin Jaad). Elle est haïda du côté de sa mère et tsimshian du côté de son père. Elle a commencé sa vie sur le territoire de son père, a déménagé à Prince Rupert en troisième année, puis a terminé ses études secondaires à Haida Gwaii, à Skidegate. Elle a ensuite déménagé dans l'Okanagan, puis est revenue à Haida Gwaii à l'âge adulte pour fonder sa famille et reprendre ses études. Aujourd'hui, ses racines sont fermement ancrées à Haida Gwaii.
Sur le plan professionnel, Reid est enseignante-ressource en apprentissage dans une école primaire. Elle travaille avec des élèves dont l'anglais est la deuxième langue, qui sont autistes ou qui ont des difficultés d'apprentissage. Elle ne se voyait pas dans cette fonction, car il s'agit d'un poste un peu colonial, mais elle s'y est installée.
Reid est devenue enseignante grâce à un partenariat unique entre l'université de la Colombie-Britannique, le conseil de bande de Skidegate, la Gwaii Trust Society et Tricorp, qui a créé un programme destiné à former des professeurs de langues certifiés. Pendant les quatre premières années, Mme Reid a appris à temps partiel dans la réserve, les soirs et les week-ends, afin de pouvoir jongler entre le travail et les enfants, et elle a obtenu l'autorisation d'enseigner la langue et la culture de la maternelle à la 12e année. Comme elle voulait pouvoir enseigner n'importe quoi, elle a déménagé sa famille à Terrace pendant deux ans afin de pouvoir obtenir une licence en éducation à l'Université du Nord de la Colombie-Britannique.
Pendant les sept années qu'a duré sa scolarité, elle a beaucoup repoussé les limites de l'indigénisation des espaces et, avec le recul, elle est très fière. "Maintenant que je suis dans ma carrière, que j'ai des enfants et que j'enseigne, cela en vaut vraiment la peine, et je suis la première diplômée universitaire de ma fratrie", se réjouit Mme Reid, en pensant à ses parents, survivants des externats indiens, et à ses grands-parents, survivants des pensionnats indiens. "J'ai l'impression que ma génération a été poussée à mettre l'accent sur l'éducation, sur le collège et l'université, à trouver sa voie et à découvrir ses dons, puis à rentrer à la maison et à les utiliser pour améliorer notre peuple, pour améliorer nos systèmes et pour les remettre en question. C'est ce langage qui m'a amenée à l'enseignement", explique-t-elle.
En ce qui concerne les obstacles, Reid a eu deux expériences universitaires. Lors de sa première tentative, elle a manqué de concentration et a abandonné pour travailler dans le secteur des services jusqu'à ce qu'elle soit prête à rentrer chez elle. Heureusement, elle a pu utiliser les crédits plus tard, lorsqu'elle est allée à l'université la fois suivante.
Son deuxième cycle universitaire a été différent. Reid était inarrêtable, même lorsqu'elle était mère de cinq enfants, qu'elle dirigeait une petite entreprise, travaillait dans une coopérative de crédit, traversait une pandémie et divorçait. "La découverte de mon don et la responsabilité qui m'incombe de le partager m'ont vraiment motivée, et c'est cette obstination pure et simple qui m'a poussée à penser à l'expérience de mes grands-parents dans les pensionnats, à celle de mes parents dans les externats indiens, et à la façon dont, d'une génération à l'autre, les choses changent et à la possibilité qu'ont mes enfants d'aller à l'école aujourd'hui, à quel point c'est différent, et même bien différent de ce que j'ai vécu", confie-t-elle.
"Si vous n'aimez pas quelque chose, vous devez le changer. Vous devez être à l'origine de ce changement. Vous devez vous montrer et remettre en question les choses qui vous semblent injustes ou qui ne vous conviennent pas, ou qui ne correspondent pas à votre esprit..... Découvrir son don et le partager d'une manière différente de celle de nos parents et de nos grands-parents est une véritable révélation", poursuit M. Reid.
En pensant aux cycles qu'elle a brisés, Reid déclare : "Quand je pense à ma santé mentale et à ce qui m'a soutenue, je pense à l'esprit et à l'entêtement et au fait de ne pas être définie par ce qui aurait pu me briser, mais simplement à cet esprit et à cet entêtement, mais aussi à cette volonté de remettre en question les stéréotypes sur notre peuple... Je peux finir l'université et avoir une carrière, et je peux obtenir ce certificat pour pouvoir enseigner à tous les enfants. Je peux terminer l'université, avoir une carrière et obtenir ce certificat pour pouvoir enseigner à tous les enfants... mon enseignement culturel.... ma présence et ma lumière, nos façons de faire, vont profiter à tout le monde, et notre monde en a besoin. À bien des égards, nous avons besoin d'un enracinement, d'une langue et de cérémonies indigènes, et d'une culture. Nous avons besoin de cette connexion et de cette relation avec nous-mêmes, avec la terre, avec l'océan, avec les arbres, avec les autres, avec nos enseignants et avec nos enfants. Son bien-être mental est guidé par son lien avec la langue, la culture et les cérémonies.
"Tant que je me laisse guider par la langue, la culture et la cérémonie, je suis entre de bonnes mains et je marcherai dans la bonne direction.
En conclusion, Reid partage la valeur de la présence, affirmant que "lorsque vous êtes présent, que vous êtes dans l'instant et que vous vous concentrez sur ce que vous faites dans l'instant, cet exercice continu d'être toujours présent vous sera bénéfique en tant que personne, ainsi qu'à votre esprit et à votre santé mentale, à votre cœur et à votre corps,... à votre esprit, cet exercice d'être simplement présent vous sera très bénéfique". C'est quelque chose que les étudiants peuvent également ressentir, et qui a encore plus de valeur lorsque vous êtes enseignant.
Reid ajoute : "Nous avons tous des dons, et nous avons tous la responsabilité de les partager et de les vivre, de briller et d'être vus par les gens. Lorsque nous faisons ce que nous aimons et que nous vivons notre don, c'est en quelque sorte contagieux. Cela donne la permission aux gens de dire : "Hé, qu'est-ce que c'est pour moi ? Qu'est-ce qui m'enthousiasme ? Et puis cela leur donne la permission de briller et de vivre leur don.... Plus nous partageons et plus nous rayonnons, plus nous répandons ce message. Ne vous rabaissez pas, ne vous réduisez pas, ne le cachez pas au monde.... Il suffit de se l'approprier, de le vivre et d'en être fier, parce qu'il vous aide, qu'il aide votre famille, qu'il aide votre communauté et qu'il aide tout le monde autour de vous, et lorsque chacun d'entre nous connaît le succès et partage cette énergie, cela nous donne à tous la permission de revenir à nos dons, ce qui est la guérison. Revenir à nos dons, à nos façons de faire, à nos cérémonies, à nos langues et à nos cultures, c'est guérir".
Elle est devenue enseignante pour partager sa langue et, aujourd'hui, Erica Jean Reid aide également les élèves handicapés de sa communauté. Il lui a fallu du temps pour trouver son don, mais une fois qu'elle l'a découvert, rien ne l'a arrêtée. Enracinée dans la langue, la culture et la cérémonie, elle a pu briser des cycles et aider d'autres personnes en chemin.
Merci à Alison Tedford Seaweed pour la rédaction de cet article.
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